REVIEWS | Le Figaro

LYON RELÈVE LE DÉFI DE « LA FEMME SANS OMBRE »

AVEC CETTE PRODUCTION CAPTIVANTE, LA MAISON D'OPÉRA MONTRE QU'ELLE NE CÈDE RIEN DE SON AMBITION.

“Si, pendant tant d'années, l'Opéra de Lyon a eu un rayonnement européen, c'est parce qu'on n'y a jamais eu peur de se lancer des défis. Certains signaux nous faisaient craindre de voir cette ambition émoussée. Avec la première lyonnaise de La Femme sans ombre, cent quatre ans après sa création, nous voilà rassérénés. Car il faut du culot, pour monter le monument de Richard Strauss quand on n'est pas Vienne, Munich ou Paris. À commencer par l'orchestre. Strauss prévoit 110 musiciens, que non seulement l'Opéra de Lyon n'a pas, mais qui de toute façon ne tiendraient pas dans la fosse.

Pragmatique, Strauss aurait certainement validé l'orchestration de Leonard Eröd pour 70 musiciens. Bien sûr, cela manque de rondeur dans les cordes, mais la puissance expressive est préservée, compensant l'ampleur par une clarté qui souligne la mo‐ dernité de l'écriture. Surtout, galvanisé par l'enjeu, l'orchestre se surpasse, belle manière de fêter les quarante ans de sa fondation en 1983. Sans parler de Nicolas Gourbeix et Ewa Miecznikowska, dont les solos de violon et de violoncelle sont d'une rare eloquence. Belle surprise, enfin, la direction de Daniele Rustioni, que nous associions surtout au répertoire italien, et qui a fait sien le lyrisme et la théâtralité de Strauss.”

Le Figaro, Christian Merlin

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