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Portrait su La tribune de Lyon
Daniele Rustioni superstar

La star du Festival Verdi à l’opéra de Lyon, c’est lui. Le jeune chef de 34 ans, Daniele Rustioni, a dirigé trois opéras de Verdi d’affilée en trois jours, le week- end dernier. Une gageure. Fait rare, il est revenu dès l’entracte de Don Carlos sous les bravos alors même que l’opéra n’était pas terminé et qu’il y dirigeait d’une main de maître une distribution de premier ordre. Le lendemain, c’est le public de l’Auditorium qui lui faisait à nouveau un triomphe pour une version en concert d’Attila, avec un orchestre au top. À peine arrivé à Lyon, déjà plébiscité.
À l’affiche
Daniele Rustioni est le nouveau chef permanent de l’opéra de Lyon. À 34 ans, il a déjà occupé deux places de chef dans des opéras et a dirigé les plus grands orchestres classiques. Arrivé en septembre, le Milanais fourmille déjà de projets.
Daniele Rustioni, maestro allegro!
Un parcours sans fausse note. C’est par sa mère, choriste, que le petit Daniele plonge dans la musique classique, en intégrant une chorale, avant de faire ses classes de piano, d’orgue et de composition au conservatoire Verdi à Milan, l’une des meilleures écoles d’Italie. Volubile et volontiers blagueur, le chef d’orchestre se définit lui- même comme curieux et pétri de doutes. Il faut dire qu’il ne craint qu’une chose : s’endormir sur ses lauriers. « On devrait toujours jouer chaque morceau comme si c’était la première fois. » C’est sans doute cette exigence qui vaut un C. V. en or à ce jeune chef de 34 ans, qui a été entre autre, chef associé d’Antonio Pappano au Covent Garden de Londres, puis chef principal invité du théâtre Mikhailovsky de Saint- Pétersbourg ou de l’orchestre de Toscane. Chef d’orchestre européen Aujourd’hui , cet adepte de musique romantique voit sa nomination à la tête de l’orchestre d’un opéra d’envergure nationale comme la suite naturelle de son parcours. « Serge Dorny avait besoin d’un chef européen pour conduire un orchestre européen . » Car le Milanais, qui a eu l’habitude de jouer un répertoire varié, ne veut pas être catalogué comme l’Italien de service. Il a d’ailleurs ouvert la saison avec un concert spécial Russie, lui qui a tant aimé Saint- Pétersbourg. « Je prévois de ne jouer que 60 % de répertoire italien pour 40 % de français et d’allemand, le tout orienté XIXe siècle . » Faire sortir l’Opéra de ses murs Succédant à Kazushi Ono, Daniele Rustioni veut encore relever d’un cran le niveau de l’orchestre. Son principal objectif est de lui donner une identité sonore en changeant la position des musiciens, mais aussi d’associer son nom à celui de l’opéra de Lyon pour en faire une marque, en ne conduisant pas d’autre orchestre en France. Dernier projet qui lui tient à coeur : faire sortir l’Opéra de ses murs en jouant dans d’autres salles et en allant à la rencontre des jeunes dans les universités, comme il le faisait déjà en Italie. « Il faut prendre les jeunes par la main, les éduquer à la musique classique. » Pour mener à bien tout ce programme, l’Italien se verrait bien rester 10 ans à Lyon. « Mais pas plus, sinon la routine s’installe ! »
La Tribune de Lyon

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