REVIEWS | Operaphile

9 novembre 2018 - Nabucco (Verdi) au Théâtre des Champs Elysées

...C’est une version de concert que nous présentait ce soir le Théâtre des Champs Elysées, co-produite avec l’Opera de Lyon, comme le fut le Attila de l’an dernier et dans lequel nous avions déjà remarqué le maestro Rustioni.

 Personnage principal de l’ouvrage le choeur de l’Opera de Lyon est remarquable. Sous la direction de Christophe Heil, il fait preuve d’une intelligence collective du chant rarement portée à ce niveau. Parfaitement homogène, il se plie avec un égal bonheur à toutes les exigences. Le sommet de ce très beau travail sera bien évidemment le va, pensiero brûlant de patriotisme mais aussi de retenue, avec cette dernière note tenue jusqu’au silence dont la beauté sera malheureusement interrompue par quelques spectateurs incapables de réfréner leur enthousiasme....

...Mais c’est à la direction de Daniele Rustioni que doivent revenir les plus grandes louanges. On avait beaucoup aimé son Attila mais ce soir, le Chef et son orchestre étaient en état de grâce. On a rarement vu une telle attention portée aux équilibres des masses sonores, une telle sollicitude de tous les instants envers chaque soliste. Tous les effets sont maîtrisés, avec un souci de clarté musicale permanent, et sans affectation. Le moindre détail de la partition est exploité et chacun des pupitres est mis en avant comme je l’ai rarement entendu. L’œuvre est réellement interprétée de la première à la dernière note de la partition, sans relâchement, sans faiblesse, sans facilité. Alors même que cette partition a été mille fois entendue, il sait surprendre son public à maintes reprises, et rendre toute la violence et l’espoir de cette oeuvre. L’énergie qu’il met à la tâche est démentielle : il saute, il s’accroupit, talonne, grogne. La gestique est étudiée et un rien emphatique mais tout ça correspond parfaitement au jeune Verdi et il est rare, très rare d’être ainsi emporté, transporté par une direction qui sait rendre aussi bien les couleurs que la fougue, les contrastes et l’émotion d’une œuvre, pourtant rabâchée.

Les spectateurs ont ainsi assisté à une grande soirée d’opéra et en ont longuement remercié les protagonistes.

Jean Luc, Operaphile

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