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Daniele Rustioni et l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon : un torrent aux somptueux méandres dont le flux reste d’une transparence quasi immatérielle

“Monter La Femme sans ombre (“Die Frau ohne Schatten”) de Richard Strauss dans un théâtre aux dimensions aussi réduites que celui de l’Opéra de Lyon (dont l’ouvrage est par ailleurs une entrée au réperoire pour cette maison) a quelque chose de l’ordre de la gageure. Moins pour des raisons scéniques que musicales : l’acoustique assez réverbérante des lieux tend à brouiller les voix dans les moments d’orgie sonore que le compositeur autrichien cultive avec prédilection ici. Mais la direction du directeur musical de la maison, le chef italien Daniele Rustioni, décidément brillant et à l’aise dans tous les répertoires, réalise des prodiges d’équilibre : puissant sans être agressif, l’Orchestre de l’Opéra national de Lyoncrée une atmosphère d’ensorcelante magie, ponctuée de quelques intermèdes d’une délicatesse inouïe, comme l’introduction à l’air de l’Impératrice au III – ou la longue séquence qui interrompt le duo des Teinturiers au I. L’emphase instrumentale n’est pas pour autant délaissée, mais elle se mue en un torrent aux somptueux méandres dont le flux reste d’une transparence quasi immatérielle, tant sont audibles les multiples courants qui le constituent. Ovationné au rideau final, Daniele Rustioni porte, il faut bien le reconnaître, la soirée à bout de bras.”

Classiquenews, Emmanuel Andrieu

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