REVIEWS | ON Magazine

Opéra : L'Enchanteresse de Tchaikovski à l'Opéra de Lyon

L'opéra est ici défendu par une mise en scène pour le moins foisonnante et une exécution musicale de très haute tenue. À découvrir.

...la partie musicale...est pourtant superbement servie. Par une distribution de choix où tout un chacun tient sa place au sein d'une galerie de portraits très typés, soumis à la forte caractérisation du metteur en scène. À commencer par Nastassia, l'enchanteresse, défendue avec une rare intensité par Elena Guseva. 

... Daniele Rustioni tire de l'Orchestre de l'Opéra de Lyon des sonorités enthousiasmantes. Une musique qui, si elle n'est pas aussi fluide que celle d'Eugène Onéguine par exemple, n'en comporte pas moins une indubitable progression dramatique, de l'exposition, à la mise en place du drame, puis à sa culmination, enfin à la catastrophe finale. Une musique qui n'est pas avare de mélodisme très travaillé, traitée de manière continue, où les numéros, airs et ensembles, sont intégrés dans un tout cohérent. Mais dont certains passages se détachent : en particulier les entractes, où Tchaikovski a mis le plus de lui-même, baignés de sonorités approchant le folklore russe. Comme celui du IVème acte, empli de traits étranges pour caractériser le sorcier Koudma, avec ses effets cuivrés, ses accords tranchants. La science des ensembles développés, Rustioni la possède de par sa fréquentation de l'opéra italien. Même si pas toujours aidé par une régie cherchant à en gommer la puissance évocatrice. En tout cas, le chef italien maîtrise totalement la dramaturgie musicale de cet étonnant opéra.

Jean-Pierre Robert, ON Magazine

D R